Ca sentait l’enfance et le chocolat fondu, qu’elle avait en quantité impressionnante sur le visage et le bout des doigts.
Elle a tendu sa joue pour que je l’embrasse, je lui ai dit « tout à l’heure mon Amour, j’ai pas très faim pour l’instant ».
Elle était à genoux sur une chaise, à finir avec ma soeur un gâteau pour le goûter.
Ma soeur qui prenait son rôle très à coeur, lui enseignant les rudiments de la cuisine : « Non, on ne s’essuie pas sur son tee-shirt », « NON on ne s’essuie par sur MON tee-shirt », « Oui, tu peux lécher » et « Non, pas ce qu’il y a par terre. »
Elle lui apprenait à peser, à découper, à ne pas se brûler, répondait patiemment aux questions, « Oui les oeufs viennent des poules », « Oui, les poussins viennent des oeufs », « Non nous ne sommes pas à ce titre responsable de la mort de 4 poussins », « En fait ça dépend s’il y a fécondation, enfin je crois », « Tu demanderas à ta mère. »
J’avais attendu qu’elles aient clos cette discussion épineuse et celle de la conversion des grammes en centilitres pour faire mon apparition.
Pour me prouver qu’elle avait fait de ma fille un génie en quelques dizaines de minutes seulement, ma soeur lui a dit :
– Raconte à Maman ce qu’on a mis à part nos doigts dedans pour faire un gâteau au chocolat !
– Des oeufs avec des poussins morts.
– … Oui, quoi d’autre ?
– De la farine, de la levure, et du beurre.
– Oui, mais tu oublies le principal : pour faire un gâteau au chocolat on doit mettre du ?
– …
– Du ch… ?
– Ah oui ! Du chucre.
Les enfants sont formidables.
Ou dyslexiques, mais ça revient au même.